Une arrivée peu accueillante...

Après avoir fait la rencontre de son ange gardien , Keiko avait dû rentrer chez elle rapidement. Il faisait noir, maintenant. Après que Kain ait prononcé le mot "démons", Keiko ne regardait plus les gens de la rue de la même façon. Si Kain lui avait semblé bien ordinaire avant qu'il lui annonce qu'il était en fait un ange gardien, pourquoi les démons seraient-ils plus apparents? Ils n'avaient peut-être pas des cornes, des ailes noires, trois yeux ou... un bras au milieu de leur front! Keiko avait donc fait son chemin près de son ange. Étant une trouillarde nationale, elle s'était quasiment mise à soupçonner tous les passants qu'ils croisaient d'être des démons. Keiko s'était ensuite mise à réfléchir sur le fait que Kain devait vivre chez elle. Oula! Comment convaincre son père de ça? Il ne voudrait jamais! Lui qui était si possessif en plus, il ne pourrait plus autant la frapper, au risque de ne plus pouvoir la frapper du tout. La torture pour lui... Cela arrangeait bien l'adolescente, par contre.

Ils arrivèrent enfin devant sa maison. Keiko se mordit la lèvre inférieure, hésita, puis s'avança enfin vers la porte. Elle l'ouvrit sans faire de bruit, comme si elle entrait chez quelqun d'autre pour faire un mauvais coup, puis la referma une fois que Kain fut entré. Elle le devança, traversa la cuisine -dont la lumière était éteinte- sur la pointes des pieds, puis sursauta lorsqu'un cri retenti de la pièce sombre.

- KEIKO! Où étais-tu? hurla-t-il.

- Kyaaaaa!!!! hurla-t-elle au même moment, surprise.

La lumière s'ouvrit. Son père se tenait accoté contre le mur, les bras croisés et les yeux semblant vouloir sortir de leur orbites.

- Mais... j'étais dehors.

- Ah oui? Tu vas peut-être pouvoir me dire qui c'est et ce qu'il fait ici, alors, ragea-t-il en pointant Kain.

Que dire? C'est mon ange gardien et il va vivre ici, maintenant? Pas vraiment... Il lui fallait un réponse, mais une bonne réponse. Une idée médiocre lui traversa l'esprit. Certes, ce n'était pas l'idée du siècle, mais c'était la seule chose qui lui vint à l'esprit.

- Eum... c'est Kain et...

Elle fit une courte pause, cherchant autre chose à dire.

- En fait, Kain est un orphelin. J'ai pensé que vous voudriez bien qu'il vive chez nous. Vous savez, père, j'ai cru que vous pourriez... comprendre.

- Oh et bien tu as dû te tromper. C'est hors de question! Allez, dehors toi!

Keiko jeta un regard désespéré sur son ange gardien, ne sachant plus quoi donner comme excuse.

Kain suivit donc Keiko jusqu'à sa maison. Dans la rue, il ne sentait aucune présence hostile, aussi il se conentait de marcher doucement aux côtés de son humaine; mais elle-même semblait totalement subjuguée par les autres : de la peur ? Elle avait peur des autres ?

Ho! Il n'aurait pas du lui parler des démons ! Elle devait se méfier maintenant... Il posa sa main sur son épaule, doucement, et d'une pression ainsi que d'un sourire, lui fit comprendre qu'elle n'avait rien à craindre. Après tout, il était là. Il savait se battre contre les démons.

Ils arrivèrent devant une maison, et il eut soudain le sentiment qu'ils allaient commettre une meurtre ! Les voilà qui jouaient au petit voleur, à se faufiler en douce dans la maison, sans bruit, silencieux comme des agneaux.

Soudain, des cris. Kain ne comprit pas tout à fait, mais l'essentiel était là : Son père ne voulait pas d'eux, malgré la touchante histoire inventée par Keiko. Il remarqua le vouvoiement, et l'air terifié de Keiko, et il s'approcha calmement du père de son humaine.

Il planta ses yeux dans les siens.

Je vivrai ici à partir de maintenant. Vous savez, je pense que vous ne vous rendez pas compte de comme vous effrayez votre fille. Ce n'est pas cela, être père. Ce que vous faites, c'est être tortionnaire, c'est tout. Je pense qu'au fond de vous, vous aimez Keiko, alors laissez là souffler.

Il reprit plus bas, avec un air calme et menaçant:

Ou vous aurez affaire à moi, et si j'étais vous, je ne m'y frotterais pas...Ne m'obligez pas à vous faire du mal....

Il se tourna vers Keiko.

Keiko cherchait bien un peu d'aide... et elle était servit. En plus de bien vouloir répondre au père, Kain se planta devant lui, plongea son regard dans le sien. Keiko, elle retenait son souffle et guettait la réaction de son père, qui ne serait sûrement pas amicale. En tout cas, on pouvait dire que Kain était direct et ne passait pas par quatre chemins. Elle sentait bien que son père n'aurait pas son mot à dire pour empêcher le garçon de vivre chez eux. Intérieurement, ce n'était pas l'envie de rire de son père qui manquait. Pour une fois que quelqun était direct avec lui et de soutenir son regard. De mémoire, même sa mère n'y arrivait pas et comme Keiko ne sors pas hors de la maison avec son père, c'était en fait une première de voir quelqun s'adresser à lui ainsi.

* Haha! Bien fait pour toi! *

Kain ajouta quelque chose à son père un peu plus bas, quelque chose qu'elle n'arriva pas à entendre puisqu'elle était plus loin. Vu l'expression de son père, cela n'avait pas fait son affaire. L'air encore plus psychopathe, son père siffla entre ses dents:

- Et qu'est ce que tu vas me faire, espèce de...

- Kain! Vient!

Elle s'avança vers lui et lui prit le bras, prenant soin de ne pas croiser le regard de son père qui devait être hors de lui plus que jamais. L'adolescente ne vit pas le regard qu'il lui adressa, voulant assurément dire qu'il n'en avait pas fini avec elle. Keiko le traina jusqu'au deuxième étage, montant rapidement les longues marches de bois, essayant d'entendre si son père les suivait. Heureusement pour eux, ce n'était pas le cas. Elle l'emmena dans sa chambre et referma la porte derrière eux. Inutile de la verrouiller: son père la défoncerait si il en avait envie. Keiko s'assit sur son grand lit et se cacha le visage dans ses mains. On aurait pus croire qu'elle pleurait, qu'elle était perdue ou découragée. Étonnement, elle releva la tête et éclata de rire, par contre pas assez fort pour qu'on puisse l'entendre en bas.

- Non mais tu as vu sa tête ?! Elle était tellement rouge que j'étais sûre qu'elle allait exploser!!

Prise d'un interminable fou-rire, elle ajouta:

- Ça c'est mieux passer que je l'espérais, en tout cas. Je ne te pensais pas aussi direct, Kain! Je n'ai jamais vu quelqun parlé comme ça à mon père. Même ma mère ne le contre-disait jamais. J'étais convaincue qu'il allait te décapiter.

Voir Kain rire amplifia son propre fou-rire. Elle avait beau fouiller dans son passé, elle ne se rappelait pas une seule fois où elle avait autant ris. Par contre, elle s'arrêta aussitôt que son ange gardien lui avoua qu'il ne la savait pas si jolie avec un grand sourire. Ses joue tournèrent au rouge et Keiko détourna une fois de plus le regard. Un garçon qui la complimentait! C'était également une première. Elle entendit la fenêtre s'ouvrir. C'était vrai que Kain était un ange: il devait aimer l'air et surtout ne pas se sentir enfermé. La jeune fille pouvait comprendre. Les bruits de la ville, bien qu'ils fussent lointains, vint briser le silence qui s'était nouvellement installé dans la pièce. Keiko sentit qu'elle pouvait peut-être poser quelques petites questions à son ange gardien. C'était un peu normal: tout c'était passé si vite. Elle avait encore l'impression d'être dans un rêve.

- Kain... je pourrais te poser quelques questions?

Elle leva les yeux sur lui.

- Enfin, pas seulement quelques questions... tu en aurais bien pour la nuit à y répondre mais... Bon, tu as quelle âge? Comment on fait pour devenir un ange gardien? T'as vraiment été au paradis? Tu as vu ma mère au paradis? Dieu existe vraiment? Il ressemble à quoi?...

Des tas d'autres questions du genre lui brûlaient les lèvres. Keiko s'arrêta.

- Désolée... tu n'as peut-être pas le droit de me répondre... Je pourrais comprendre.

L'adolescente se leva du lit et s'empressa de venir se poster à côté de Kain, en face de la fenêtre, afin de regarder la ville.

Kain semblait un peu traumatisé de recevoir tant de questions en quelques secondes à peine. Quand elle arriva près de lui, il mit une main sur son épaule et commença à répondre. Quatorze ans?! Elle ne dit rien, mais baissa la tête.Quand il dit qu'il avait fait quelque chose de mal envers sa soeur, le coeur de l'adolescente cessa de battre. Quelque chose de mal? Comme... ? Keiko n'était pas sûre de vouloir savoir la réponse à cette question, donc elle ne dit rien. De toutes façons, c'était sûrement... personnel. La réponse qu'il lui donna à propos de sa mère l'attrista, mais Kain lui remonta le moral bien vite. À la toute fin, il la prit dans ses bras. Keiko se laissa faire. Après un bref moment, elle ajouta timidement:

- Tu sais, tu as l'air plus vieux que quatorze ans... autant physiquement que mentalement.

Elle releva la tête, geste qui ne faisait qu'approuver sa remarque puisqu'il la dépassait d'au moins une tête, et sourit.

- À peu près mon âge... Je n'ai pas quatorze ans, Kain ^^ Je viens à peine d'avoir mes seize ans. À peine... dans le sens de quelques jours.

Keiko rit doucement.

- Par contre, ça me plaît bien d'avoir l'air plus jeune que mon âge, ça en surprend plusieurs et c'est toujours drôle de voir leur tête ^^

Kain semblait triste. Il devait probablement penser à sa soeur... et c'était comprenable. Suite à ce qu'elle avait dit, l'ange sourit enfin. Il lui avoua que, humainement parlant, il devrait être vieux... cinquante ou soixante ans, peut-être. Un lourd silence tomba dans la pièce et Kain s'excusa, disant qu'il n'avait jamais été doué avec les filles. Keiko sourit.

- Eh bien. C'est plaisant de savoir que c'est peut-être un vieux maniaque bien conservé qui me prend dans ses bras ^^'.

Kain s'informa ensuite sur si elle serait correcte avec son père, qu'il ne pourrait pas la coller tout le temps, même au toilettes. L'adolescente rit un peu.

- Non merci, même si j'ai un ange gardien, je suis toujours capable d'aller à la toilettes seule. Il ne faut quand même pas oublier, tu es un vieux maniaque! Ça serait presque me mater ça ^^­.

Elle donna une petite tape sur l'épaule du garçon, surtout pour lui montrer qu'elle le taquinait, puis se rassit sur le lit, le tapant doucement pour inviter Kain à la rejoindre.

- Est ce qu'un ange doit manger, lui aussi? Je pourrais te préparer quelque chose... en espérant juste que mon père ne soit pas encore là à essayer de se calmer. C'est moi qui fais la cuisine ici, donc je suis habituée ^^. Aussi, t'as besoin de dormir, toi aussi? On... a que deux chambre dans la maison. La mienne et... celle de mon père. T'as qu'à choisir ton colocataire préféré, lui proposa-t-elle en riant.

Juste voir les réactions de Kain suffisait à rendre la bonne humeur à Keiko. C'était tellement drôle le voir essayer de se justifier alors que Keiko savait très bien qu'il n'était rien de tout ça. Pour ce qui était de n'avoir jamais touché aussi intimement une fille et de rien y connaître, Keiko sourit, embarrassée.

* Hahaha... ha, euh... pareil pour moi hein ^^' *

C'était à prévoir, avec un père comme ça...

Kain vint la rejoindre sur le lit et répondit à ses nouvelles questions. Un ange avait donc besoin de manger et de dormir? Keiko avait peut-être posé la question, mais elle était convaincue que la réponse serait négative, donc elle resta surprise. Pour ce qui était de la chambre, il dormirait donc avec elle. Keiko regarda autours d'elle. C'était une bien belle chambre, pas trop petite, mais qui contenait qu'un seul lit -chose logique vu qu'elle était seule dans sa chambre-. Elle adressa un petit sourire gêné à son ange gardien.

- Mouais, bah... ya qu'un seul lit ici...

* Un grand lit par contre... Naaan c'est hors de question! Mais... il n'a que quatorze ans... juste en apparence, sauf.... =___= .... Mais quand même... Huhuuu T.T*

Keiko soupira.

- On verra ça plus tard, à moins que tu ais une solution...

Avec les deux solutions que lui proposa l'ange, elle ne put s'empêcher d'être triste. Dormir sur le sol... ce n'était pas l'idéal, ni l'entrebâillement de la fenêtre non plus. Mais bon, si c'était ce que voulait Kain. Suite aux remarques que lui dit le garçon, Keiko ne put s'empêcher de rougir.

- Devenir amis... je crois que nous sommes déjà en train de le devenir ^^'.

L'ange lui sortit ensuite tous les scénarios qu'il avait imaginé. Keiko s'avoua que, si elle avait pensé cela elle-même, elle serait soulagée d'être tombée sur quelqun comme elle. Pour ce qui était de penser la même chose que lui pour la chance, il était clair qu'elle se trouvait chanceuse. Tout s'était passé si vite, mais elle se sentait déjà mieux que lorsqu'elle était partie de chez elle en sachant l'enfer dans lequel elle rentrerait en revenant. Déjà, le fait d'avoir un ami était une des meilleures choses qui lui était arrivées dans sa courte vie. Avec cet homme comme père, l'occasion de sociabiliser ne s'était jamais vraiment présentée. Soudain, Kain bâilla.

- Ah oui, c'est vrai! Il faut aller manger.

Avec toute cette histoire, Keiko n'avait même pas remarqué que son ventre hurlait de faim. Elle regarda l'heure. 7:00... il était un peu tôt pour se coucher, bien que Kain semblait fatigué -et elle aussi d'ailleurs-.

- Je ferai à manger et ensuite, on cherchera quelque chose à faire pour tuer le temps jusqu'à ce qu'il soit un peu plus tard... sept heure, c'est un peu tôt pour se coucher, quand même ^^'

Elle se leva, puis se dirigea vers la porte.

- Il y a quelque chose en particulier que tu voudrais manger? Je te laisse choisir!

Tu pourras faire parler mon père, toi aussi ^^

Les paroles de Keiko le firent sourire. Oui. Effectivement. Tout à sa pensée d'absolument devenir amis, il n'avait pas remarqué qu'ils étaient déjà en train de le devenir. Il sourit de nouveau, et hocha la tête.

Il bailla de nouveau, et ne put s'empêcher de hocher la tête quand Keiko parla de manger. Il remua même les machoires, mangeant dans le vide. Il casse tout de suite, et sauta à terre, plein d'entrain.

Oui, il est encore tôt. Je te montrerais ce que je sais faire après manger. Etant un ange, j'ai quelques pouvoirs. Je te montrerais donc que, face à un démon, un ange ne fait pas que battre des ailes ni parler.

Il sourit et posa son pouce sur ses lèvres, l'air de réfléchir. Où manger ? Bonne question, il ne connaissait rien ! Son père était-il encore dans la cuisine ? Il préférait goûter la cuisine de Keiko...

Il prit une moue enfantine.

Peux-t-on cuisiner tout les deux dans la cuisine plutôt que sortir ? J'ai envie de passer la soirée avec toi, dans ta maison. Enfin, si tu préfére sortir, d'accord. Mais je ne vais pas manipuler les choses devant tout le monde, aussi si nous sortons il nous faudra nous cacher.

Il prit la main de Keiko et ils descendirent sur la pointe des pieds. Son père était en bas, et hurlait contre un quelconque présentateur - mais dans le salon !

Allons dans la cuisine discrètement, et ça sera tout cuit. Je peux t'aider à cuisiner, je ne vais pas te laisser tout faire toute seule ce ne serait pas gentil.

Ce que l'ange lui dit à propos d'après le repas intrigua Keiko. De nature curieuse, même si cela lui avait souvent apporté des ennuis, elle voulait toujours tout savoir. C'était un vilain défaut peut-être, mais elle allait devoir vivre avec. Kain ajouta qu'il préférait manger à la maison. C'était... peut-être le mieux, puisque Keiko, elle, n'avait plus d'argent. L'adolescente hocha la tête pour lui faire savoir qu'elle approuvait. Kain lui prit la main et sortit dans le couloir sur la pointe des pieds. De l'escalier, on pouvait entendre son père crier après quelqun. Keiko lança un regard inquiet à son ange gardien. Il lui proposa d'aller discrètement à la cuisine. L'idée de se trouver à la même étage que son père l'avait terrorisé. Au moins, maintenant, elle avait Kain pour veiller sur elle.

Une fois dans la cuisine, elle se jeta devant dans le réfrigérateur et l'ouvrit... il n'y avait pas grand chose. Keiko se retourna vers Kain et lui adressa un sourire gêné.

- Eum... il n'a pas grand chose. Il nous reste les pâtes qu'on a mangé ce midi ^^'

Elle sortit le plat du réfrigérateur. Personnellement, elle avait bien envie d'en manger, si on ne comptait pas qu'elle en avait mangé le midi-même. Elles étaient délicieuses.

- Tu aimes? Ou tu veux autres choses? Je peux toujours fouiller et préparer quelque chose avec ce qu'on a.