Promenade nocturne ¤Kyo¤

(pardon du retard et pour le titre, je le changerais si tu veux et je peux éditer mon post' si c'est trop court ^^)

Il faisait frais ce soir-là, lorsque Suki quitta la demeure familiale pour se promener. Sohaïl, son frère jumeau, avait insisté pour l’accompagner, mais la jeune fille avait refusé. Elle n’avait pas besoin de lui, surtout que, si lui l’aimait, elle, elle commençait à en tomber amoureuse et il fallait éviter cela. Ils sont jumeaux, et ça n’ira jamais plus loin.

Suki était vêtue d’une longue jupe noire, dont le bas frôlait ses chevilles. Son chemisier, qui n’était pas boutonné jusqu’en haut, était beige, comme ses bottes et elle avait simplement enfilé une veste noire avant de sortir. Ses longs cheveux bruns flottaient dans son dos, réchauffant ainsi son cou, puisqu’elle n’avait ni foulard, ni pull à col roulé. Elle n’avait même pas froid.

La jeune fille errait plus qu’elle ne se promenait, et ses pas la guidèrent jusqu’à la plage. Elle retira ses bottes, qu’elle posa sur le sable fin, puis elle se rapprocha du bord de l’eau. Suki posa son pied droit dans l’eau salée, pour constater qu’elle était glacée. Un peu normal, en cette saison. C’était presque la fin de l’hiver, les soirées étaient encore fraîches… les journées aussi d’ailleurs. La jeune fille se croyait seule, elle n’avait pas croisé un chat, mais elle se trompait, puisqu’on l’interpella :

- Hey ! Viens t'amuser avec nous !

Elle détourna la tête, et ses yeux marrons croisèrent le regard d’un jeune homme blond, ainsi que celui de deux autres jeunes hommes. Elle les regardait d’un air interrogateur, en se demandant ce qu'il entendait par là. S'amuser ? Si cela sous-entendait des choses louches, ils pouvaient laisser tomber. Suki poussa un soupir. Pourquoi avait-elle refusé la compagnie de Sohaïl ? Et surtout, pourquoi ses pas l’avaient emmené à la plage ? C’était quasiment à cet endroit qu’elle avait été violé, et ces trois jeunes hommes… que cherchaient-ils exactement ? Faire sa connaissance ? La détendre ? Avait-elle vraiment l'air tendu ? La jeune fille avait de bien étranges pensées. Malgré son instinct qui lui disait de s’enfuir, Suki se rapprocha d’eux. D’habitude, elle fuyait ceux et celles qui l’interpellait, sans doute pour faire plus ample connaissance avec elle, mais là… la jeune fille avait besoin de compagnie. Ce lieu... il ne valait mieux pas qu'elle y reste seule. Au fur et à mesure qu’elle se rapprochait, son cœur battait un peu plus fort dans sa poitrine, mais brusquement, trois jeunes filles firent leur apparition et elles appelèrent leurs compagnons :

- Les garçons ! Laissez-la donc tranquille et venez donc ! Elle a l'air perdu et on n'a pas besoin d'un chaton dans nos pattes.

Hébétée, Suki regarda les six jeunes gens partirent, la laissant seule. Elle ne comprenait pas ce qu’il venait de se passer… elle soupira avant de se laisser tomber sur le sable fin. Elle, un chaton ? Elle n'était pas du tout égarée, elle ne faisait que... errer. Oui, bon d'accord, elle était un peu perdue. On avait envie de la prendre sous son aile, mais là, c'était plutôt raté. Et puis, pour le moment, elle ne cherchait pas à rentrer chez elle. La jeune fille contempla la mer, sans être dérangée… ou presque. Mais elle était tellement perdue dans ses pensées qu’elle n’entendit pas des pas se rapprocher, à quelques mètres d’elle.

"Pour un chaton, vous êtes plutôt indépendante. Peu de chaton se retrouve sans leur mère où leurs frères et sœurs. Surtout dans un endroit comme celui-ci bordé d'eau. Les chats ont peur de l'eau, non ? Vous ne paraissez pas bien effrayé par l'eau. Plutôt distante."

Un jeune homme souriait à coté de Suki. Il était sortit prendre l'air, pour ne plus entendre les paroles de sa sœur et de ses amis, qu'elle avait amené à la maison, pour une fois. Généralement, elle évitait parce qu'ils habitaient dans une maison plus proche de la villa que de la maison et que cela en disait long sur son argent. Elle avait sans doute peur que ses amis la choisissent pour son argent et non sa personne. Mais elle les avait enfin emmené et finalement, après réflexion, Kyo aurait aimait qu'elle ne le fasse pas. Le bruit et lui, cela faisait bien trente-six. En aucune façon il serait resté dans la maison plus longtemps. Entre les rires, les cris et les guitares... Le son saturé des basses dans ses oreilles. Il en frissonnait encore.

Kyo était donc sortit faire une promenade et doucement, il avait longé la plage. Il portait un pantalon de toile kaki qu'il avait remonté afin de pouvoir mettre ses pieds dans la mer sans le mouiller et une chemise brune-orangée légèrement ouverte. Les deux premiers et les deux derniers boutons, quoi. Il n'avait rien emporter de plus et malgré la fraîcheur ambiante, il ne semblait pas plus gêné que cela. Pas que sa température corporelle soit énorme, mais il ne semblait pas sentir le froid.

Après avoir marché plusieurs minutes dans l'eau glacé, il s'était approché d'un arbre, s'était assis à ses racines et avait dessiné sur le sol. Il avait alors entendu trois jeunes garçons s'en prendre à une dernière qui avec ses cheveux bruns, lui rappelait inévitablement sa sœur, surtout avec une jupe noire. Mais trois autres filles avaient prit sa place en lui lançant une remarque peu sympathique et avaient déguerpis. En la voyant s'écrouler sur le sol, il s'était levé en sursaut, mais voyant qu'elle fixait la mer, il s'approcha juste doucement. Son regard était bien triste et il ne pu lire que de la mélancolie sur le visage de la jeune fille. Il avait alors mit les mains dans ses poches et son doux sourire ne quittant pas son visage, il s'était adressé tout doucement à elle, afin de ne pas l'effrayer.

D'ailleurs, il ne la regardait pas, puisqu'il fixait lui aussi la mer, cherchant peut être à lire ce qu'elle voyait elle. Se décidant à lui parler personnellement, il tourna sa tête vers elle puis reprit de sa voix douce.

"Je suis désolé de m'imposer ainsi. Je m'appelle Kyo. Je vis par ici et d'ailleurs, je viens souvent ici me promener. Cet endroit le soir et très calme et un peu effrayant. Une jeune fille ne devrait pas y être seule à cette heure-ci. Mais je ne vais pas vous réprimandez pour cela, ne vous inquiétez pas. C'est juste que j'ai une sœur qui vous ressemble un peu."

Pour quelqu'un qui d'habitude ne parle pas, Kyo venait de faire un monologue digne du livre des records. Il en avait pour deux mots là. Son quota était bien dépassé. Et tout cela pour une jeune fille un peu trop jeune et un peu trop fille.

[Aucun problème =D]

Suki avait entendu les paroles d’une voix masculine lorsque les six jeunes gens étaient partis, mais elle n’avait pas relevé ou du moins, pas pour le moment. Elle s’était assise pour contempler la mer, en étant songeuse. La même voix s’adressa encore à elle, juste à côté d’elle. Intriguée, la jeune fille observa le jeune homme avant de prendre la parole :

- C’est moi qui suis désolée de ne pas vous avoir répondu tout à l’heure.

Elle esquissa un léger sourire avant de continuer :

- Certains chatons se débrouillent seuls… et c’est en effet rare qu’un chaton n’ait pas peur de l’eau. Pour ma part… j’ai peur de quelque chose ici.

Ici désignait la plage, mais Suki était restée vague. A quoi bon tout dévoiler à un parfait inconnu ? Même s’il lui avait dévoilé son identité, il restait, pour le moment, un inconnu à ses yeux. Elle reprit doucement :

- Je ne sais pas pourquoi je suis sur cette plage… peut-être qu’on devait se rencontrer… qui sait ?

Se remémorant les dernière paroles de Kyo, elle le regardait de ses yeux marrons, en souriant, avant de se présenter à son tour :

- Je m’appelle Suki. Je n’habite pas très loin de la plage, c’est peut-être pour cette raison que mes pas m’ont guidé jusqu’ici…

La jeune fille marqua une pause, et ce fut d’une voix amusée qu’elle reprit la parole :

- Je ne suis plus toute seule maintenant. Tu es là. Et, heu… j’ai un frère jumeau. J’ai refusé sa compagnie et pourtant…

Non, elle ne lui expliquerait pas tout. Il y avait deux raisons, mais elle ne les citerait pas, sauf si le jeune homme voulait savoir de quoi il retournait. Suki pouvait lui parler de son frère jumeau, mais en ce qui concernait l’autre raison… elle n’avait pas envie de se confier aussi vite à Kyo.

- Ta sœur me ressemble ? J’en déduis qu’elle doit être mineure, comme moi… je vais avoir dix-huit ans au mois d’août.

La jeune fille s’étira avant de détailler Kyo. Pour elle, il était majeur, et il ne devait pas avoir plus de vingt ans, mais elle se trompait peut-être… elle finit par lâcher :

- Comptes-tu adopter un chaton presque abandonné, qui deviendrait ta seconde sœur ? Pour ma part… je crois qu’un seul frère me suffit. Je ne dis pas ça contre toi, mais… heu…

Suki hésita avant de lâcher :

- Mon frère jumeau est amoureux de moi. C’est… compliqué. Voilà pourquoi j’ai refusé qu’il m’accompagne ce soir. Il y a autre chose aussi, mais je ne suis pas prête à passer aux aveux… et je n'ai pas envie de t'embêter à raconter ma vie...

Les yeux de la jeune femme était sombre. Aussi sombre que ceux de sa sœur, et parfois des siens. Ils n'étaient pas jumeaux, Lyo avait trois ans de moins que Kyo. Elle en paraissait vaguement plus mais c'était surtout son air hautain et sombre qui donnait cette impression. En vérité, elle était bien faible. Elle se sentait seule et elle s'en voulait. Elle s'en voulait de voir que sa famille était si peu importante pour son père. Elle s'en voulait d'une chose qu'elle n'aurait jamais pu contrôler. Kyo aussi s'en voulait. Mais lui, il s'en voulait pour la mort de sa mère. Et cela, il en était sûr, il aurait pu faire quelque chose. Il aurait dû mourir à la place de sa mère. Et maintenant, il devait vivre, et vivre le plus heureux possible pour sa mère. Et il voulait que Lyo fasse de même. Il voulait la sauver de sa solitude. Il n'y arrivait pas.

"Je vous en prie, ce n'est pas un drame."

Kyo baissa un instant les yeux sur le sable, évitant les prunelles de son vis-à-vis. Elle était tellement... Elle lui ressemblait tellement ! Et elle semblait aussi perdue, aussi faible et aussi triste. Kyo avait toujours eu comme un don d'empathie. Depuis la mort de sa mère, il l'avait vraiment développer. Il s'était mis à observer les personnes autours de lui et les avait tout de suite plus compris. Il voulait tous les rendre heureux, puisqu'il n'y arrivait pas avec sa sœur et parfois avec lui même. Mais, il n'était pas vraiment le type qu'il fallait pour sauver le monde. Et il connaissait ses limites.

"Effectivement, mais elle est plus jeune que toi. Elle a encore seize ans. A vrai dire, elle en fait plus physiquement. Je ne compte pas adopter de chaton. Pas comme sœur. Une me suffit à moi aussi."

Kyo se baissa, s'asseyant au côté de Suki. Il prit la peine de mettre un peu de distance entre eux, pour lui montrer qu'il ne voulait pas de mal et n'avait pas de mauvais intention. Kyo était toujours prévenant, surtout lorsqu'il percevait un tel degré de malaise chez une personne. Suki paraissait perdue et peu vivante. Dans le sens où elle était pâle et comme si la vie désertait son corps. Pas mourante, juste sans vie. Sans rêve. Sans envie. Sans bonheur. Sans chaleur. Le jeune homme posa un de ses doigts fin sur les lèvres de Suki et secoua doucement la tête, puis il ramena ses genoux contre sa poitrine et les entoura de ses bras. Il fixa la mer plutôt que Suki et lâche dans un murmure.

"Tu ne dois pas te sentir obligé de raconter son passé. Je ne t'ai rien demandé. Ce qui se passe dans ta vie t'appartiens, tu ne dois jamais le raconter si tu n'en as pas envie. Je ne suis pas là pour savoir pourquoi tu es seule ici et perdue. Je suis un parfait inconnu pour toi, je ne m'attends pas à ce que tu me dévoile tout tes secrets."

Puis, il tourna sa tête vers Suki, sourit doucement, tout en fermant ses yeux. Puis il les rouvrit doucement, plaçant ses yeux dans ceux de la jeune fille, il ne chercha pas de réponses comme il le faisait souvent dans la lueur des yeux de la demoiselle, il posa seulement son doux regard, avec tout l'amour qu'il pouvait donner, dans celui de Suki. Son regard était porté vers un amour proche de la tendresse. Pas la pitié, plus proche de la compassion. L'amour de l'humanité, des Hommes. Parce que tout existe grâce à l'amour.

"Mais si tu as besoins de parler, je peux être tes oreilles. Je ne suis pas là pour t'obliger à quoi que se soit, ni à te mettre mal à l'aise, ni te juger. Je suis seulement ici pour regarder la mer avec toi et avoir un peu plus de compagnie. Parce que c'est triste de rester seul."

Et il lui sourit tendrement tout en détournant la tête vers l'espace liquide devant lui. La couleur du ciel se reflétait doucement dans l'eau. C'était un peu irréel mais le spectacle était plaisant.

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