[T'sais c'qu'il te dit le popotin ? è___é]
Seul parmi tous, tous autour d'un seul. Baïan avait enfin trouvé l'être à protéger au péril de son éternité, mais n'en ressentait pas moins une profonde solitude, dans laquelle il se complaisait pourtant très bien. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'aux premières lueurs du jours, il errait dans les rues humides de la ville avec laquelle il commençait à se familiariser. La rugosité du bitume des trottoirs sous ses pieds était à présent bien ancrée dans son esprit -et dans la plante de ses pieds, tant qu'à faire. L'odeur des pots d'échappement ne lui arrivaient plus aux narines, si tant était qu'il ait pu seulement en prendre connaissance. Il avait encore du mal à prendre ses repères, il fallait l'avouer, et il arrivait même à se demander s'il n'imaginait pas la sensation qu'avait le contact de l'asphalte sous ses pieds nus.
Enfin. Il essayait au moins de se familiariser au lieu par la vision, ce qui pouvait s'avérer utile vu le temps qu'il risquait de devoir y passer à présent. Le pâté de maison ayant été parcouru, il envisageait d'aller plus loin, dans la ville même, pour y découvrir cette culture étrange qu'était celle de ce monde. Des boutiques, des auberges, toutes sortes d'établissements qu'il aurait pu voir de son vivant, mais qui n'avaient ici rien à voir. Et là, une bibliothèque. Ne sachant pas lire, il n'avait aucune raison d'y entrer, mais la curiosité étant l'un de ses quelques défauts, il ne put s'empêcher de vouloir toucher la reliures de ces objets de valeur qu'étaient les livres. Quoiqu'à présent, ce n'étaient que des ramassis de feuilles racontant tout et n'importe-quoi, et qui ne coûtaient plus très cher. Mais, comment le savoir ?
Il franchit la porte principale, et arriva devant un comptoir, dans un hall vide de toute personne. Il aimait déjà ce lieux où régnait le silence. Son choix fut vite fait quant à la direction à prendre. Il se porta sur la pièce la moins peuplée, la plus calme, la plus propice à se détendre. Seule une jeune femme s'y trouvait, entourée d'une aura qu'il avait déjà ressentie peu de temps auparavant, le faisant frissonner des pieds à la tête. Ça l'intriguait plus que de lui faire peur, mais il décida de ne pas s'en soucier, ou plutôt d'en faire mine, savourant la simple vue des étalages de livres qui se présentaient à lui.